Comprendre l'impact de la Fast Fashion sur l'environnement

Comprendre l'impact de la Fast Fashion sur l'environnement

La mode fait partie des industries les plus polluantes au monde.

Mais savez-vous pourquoi la mode pollue davantage en 2022 qu’en 2000 ? Et surtout, comment peut-on faire pour y remédier, tout en se faisant plaisir ?

On vous explique l’impact de la mode sur l’environnement, et vous liste des astuces pour une mode plus durable, moins toxique, et moins culpabilisante.

1 - Un impact environnemental à plusieurs niveaux

La première chose à savoir, c’est que l’impact néfaste de la mode sur l’environnement ne se joue pas uniquement lors de la fabrication des vêtements. C’est tout le cycle de vie du vêtement qui est en cause. La fabrication des fibres, puis des vêtements, leur entretien, et enfin ce que l’on en fait lorsqu’on n’en veut plus.

 

pourquoi la mode pollue

Ce phénomène est amplifié par la fréquence à laquelle nous achetons des vêtements, et à laquelle ils sont produits. Une fréquence qui s’est accélérée depuis les années 2000, avec le développement de la Fast Fashion. 

 

2 - Au commencement : la Fast Fashion ou « mode jetable » 

Commençons par le déclencheur du problème : la Fast Fashion. La Fast Fashion est le renouvellement très rapide de l’offre de vêtements, afin de rendre accessible les dernières tendances à des prix souvent très bas, et une qualité médiocre.

 

Le but ? Vendre toujours plus.

 

Avant les années 2000, nous nous contentions de 2 collections par an : les fameuses « printemps/été » et « automne/hiver ». Depuis, nous sommes passés à un renouvellement effréné de l’offre, devenu quasi hebdomadaire chez certaines enseignes.

 Fast fashion vs mode traditionnelle

 

Cela entraîne logiquement un phénomène de surproduction, qu’on vous résume en quelques chiffres clés :

  • La production de vêtements a doublé entre 2000 et 2014(1).
  • Nous achetons en moyenne 60% de vêtements de plus qu’en 2000, tout en les conservant 2 fois moins longtemps(2).
  • On estime à 100 milliards le nombre de vêtements et accessoires vendus chaque année dans le monde.

 

Cette surproduction a aussi changé la manière dont nous voyons nos vêtements.

 

Ils sont devenus des biens de consommation jetables, qui finissent entassés dans nos placards, ou à la poubelle. Nous ne prenons plus plaisir à les chérir, nous préférons le bonheur éphémère d’un nouvel article. Face à des incitations à l’achat de plus en plus fortes, nous avons pris le chemin de la surconsommation.

 

 

Que faire pour contrer ce phénomène ?

  • Faire le tri de son placard, pour identifier ce dont on a réellement besoin (et retrouver des vêtements oubliés...)
  • Apprendre à connaître ce qui nous va, sans craquer automatiquement pour le dernier imprimé de la saison.
  • Acheter moins mais mieux, en prenant le temps de choisir des vêtements qui durent et que l'on aime vraiment.

  

3 – Le problème de la fabrication des vêtements

En 2015, la production textile a émis 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis(5).

Un chiffre impressionnant, qui s’explique aussi par le choix des matières utilisées. Pour fabriquer nos vêtements à bas coût, les marques utilisent de plus en plus des matières synthétiques ou du coton conventionnel. 90% de nos vêtements sont à présent conçus dans ces matières.

Le problème ? Leurs procédés de fabrication sont énergivores, polluants, et dangereux pour la santé. Chaque année, 43 millions de tonnes de produits chimiques sont utilisés pour la production de fibres et textiles(5).

L’évolution des matières produites est très parlante(1):

 

évolution matières textiles

 

L’utilisation du polyester a explosé avec la montée de la Fast Fashion. Il représente plus de la moitié des fibres utilisées dans le monde.

 

Et ce n’est pas une bonne nouvelle. Le polyester est une fibre synthétique issue du pétrole, une énergie fossile non renouvelable. Son processus de production génère des émissions toxiques, néfastes à la fois pour la santé et pour l’environnement. Greenpeace estime que les émissions de CO2 dues au polyester sont presque 3 fois supérieures à celles du coton(1).

 

Le coton serait-il donc à privilégier ? Pas si vite. Si l’on a tendance à croire que le coton est une fibre bénéfique, car naturelle, c’est loin d’être le cas.

 

La culture du coton conventionnelle est l’une des plus polluante au monde. Elle représente ¼ de la production mondiale de fibre.

 

Elle nécessite énormément :

  • D’EAU : la production d’un tee-shirt en coton utilise en moyenne 2 700 litres d’eau, soit la quantité d’eau que l’on boit en 2 ans et demi(4).
  • DE PESTICIDES : la culture du coton requiert entre 16% et 24% des pesticides utilisés dans le monde selon les sources(3), alors qu’elle n’utilise que 2,5% des terres cultivables(5).
  • D’ENGRAIS : 8 millions de tonnes d’engrais sont utilisées chaque année pour la production du coton.
  • DE TRAITEMENTS CHIMIQUES polluants et dangereux pour la santé : après la récolte, le coton va être teint, blanchi, assoupli, rendu plus résistant... Les particules toxiques utilisées tout au long de ce processus de production vont infiltrer les sols et l’eau, ainsi que nos vêtements.

 On vous en dit plus sur le coton dans cet article.

 

Que faire pour contrer ce phénomène ?

  • Acheter des vêtements de seconde main (Vinted, Vestiaire Collective, magasins locaux…) pour éviter la production de nouvelles fibres.
  • Sélectionner les matières les moins polluantes : le chanvre et le lin dont la culture est peu consommatrice d’eau ; le coton biologique certifié GOTS ; le Tencel™ dérivé de bois issu de forêts gérées durablement.
  • Choisir des labels de confiance: GOTS, OEKO-TEX, Ecocert, Ecolabel…

 

4 - L’entretien des vêtements

L’impact de la mode sur l’environnement ne s’arrête pas là.

 
La moitié des impacts seraient liés à l’entretien de nos vêtements.

 

L’une des principales causes de cet impact est la diffusion dans l’environnement de micro-plastiques. Ces particules plastique se détachent lors du lavage de nos vêtements en fibres synthétiques. A chaque machine, ce sont jusqu’à 730 000 micro-particules de plastique qui finissent dans les océans(6) !

Trop petits pour être filtrés par les stations d’épuration, les micro-plastiques sont la principale source de pollution des océans devant les sacs plastiques. Ingérés par les poissons, ils détruisent la biodiversité et remontent la chaîne alimentaire. On vous explique le problème des micro-plastiques dans cet article.

 

Les substances toxiques utilisées pour fabriquer nos vêtements sont elles aussi déversées dans l’eau de lavage. 20% de la pollution des eaux dans le monde serait ainsi liée à la teinture et au traitement des textiles.

 

Enfin, les lessives et adoucissants peuvent contribuer à la pollution des eaux et des écosystèmes aquatiques, à cause de certains de leurs résidus(7).

 

 

Que faire pour contrer ce phénomène ?

  • Éviter les matières synthétiques (polyester, polyamide, acrylique…)
  • Utiliser un sac de lavage (type Guppyfriend) pour réduire la fuite des micro-plastiques.
  • Limiter le lavage de ses vêtements (parfois une simple aération suffit) et utiliser de la lessive avec un Ecolabel Européen.
  • Lavez à froid ou à basse température (30 °C) et sécher ses vêtements à l’air libre.

 

5 - La fin de vie des vêtements

Nous achetons de plus en plus de vêtements, et les portons de moins en moins avant de nous en débarrasser. Parallèlement, nos vêtements sont de moins en moins bonne qualité, ce qui les rend plus difficiles à revendre en seconde main(1).

 

Résultat : ce sont 4 millions de tonnes de textiles jetés en Europe chaque année, dont 80% sont mis à la poubelle sans être recyclés(3).

 

Ces vêtements finissent par être enfouis ou incinérés, générant davantage de pollution. Il faudra attendre des siècles pour que les fibres se décomposent, en particulier les fibres synthétiques. En attendant, elles rejettent des substances toxiques dans les airs et les sols.

 

Que faire pour contrer ce phénomène ?

  • Réparer ses vêtements pour prolonger leur durée de vie.
  • Les donner à son entourage, les revendre (en ligne, dans des dépôts-vente) ou les recycler (conteneurs, boutiques…).
  • Les réutiliser en leur donnant une nouvelle vie (éponge, foulard, accessoires…)
  • Et remplacer les vêtements dont on a besoin en suivant les conseils précédents !


6 – Ne déprimez pas, commencez par de petits gestes ! 

Vous l’aurez compris, la mode est une industrie qui pollue à tous les niveaux. Mais nous pouvons changer nos habitudes pour limiter notre impact sur notre santé et celle de la planète. Et ce, sans nous sentir frustrés, bien au contraire.

Fini les placards qui débordent avec la sensation de ne rien avoir à se mettre. Un vestiaire mieux pensé, plus qualitatif, positif pour notre santé, les travailleurs et l’environnement. De bonnes raisons de s’y mettre !

 

Sources :

  1. Timeout for fast fashion, Greenpeace, 2014.
  2. Style that suitable : A new fast fashion formula, McKinsey & Company, Nathalie Remy, Eveline Speelman & Steven Swartz, 2016.
  3. La mode sans dessus-dessous, ADEME, 2018
  4. Fast fashion is “drowning” the world. We need a Fashion Revolution!, Greenpeace, 2016
  5. A new textiles economy: redesigning fashion’s future, Ellen MacArthur Foundation, 2017
  6. Washing clothes releases thousands of microplastic particles into environment, study shows, University of Plymouth, 2016.
  7. Le guide des lessives écolos, 60 millions de consommateurs, 2019.
  8. Technologies des textiles - 3e éd. - De la fibre à l'article, Daniel Weidmann, 2017
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