Dans notre article précédent, nous vous expliquions notre choix de ne pas utiliser de matières synthétiques, même recyclées, pour concevoir nos sous-vêtements.
L'une des raisons de ce choix est que les fibres synthétiques libèrent des micro-plastiques lors de leur lavage. Un problème préoccupant pour notre santé et celle de l'environnement.
1 - Qu'appelle-t-on "micro-plastiques" ?
Les micro-plastiques sont les fragments de plastique inférieurs à 5 mm, voire à 1 mm selon les sources. À la différence des macro-plastiques (sacs plastique, bouchons, coton-tiges…), cette pollution n'est pas visible à l'oeil nu, ce qui la rend encore plus dangereuse.
2 - D’où proviennent les micro-plastiques ?
Il y a 2 sortes de micro-plastiques : les "primaires", et les "secondaires".
- Les micro-plastiques dits « primaires » sont directement déversés dans l'océan sous cette forme. Ils proviennent essentiellement de nos vêtements en fibres synthétiques, mais aussi de certains cosmétiques (exfoliants, additifs pour savons, gels...) ou de l’usure des pneus.
- Les micro-plastiques dits « secondaires » proviennent de la détérioration de débris plastiques déjà présents en mer.
3 - Quel est le lien entre micro-plastiques et sous-vêtements synthétiques ?
Les fibres synthétiques (polyester, polyamide...) utilisées dans la plupart des sous-vêtements sont fabriquées à partir de pétrole, et sont donc des matières plastiques.
Lors de leur lavage, des minuscules morceaux de fibres se détachent du tissu : ce sont les micro-plastiques. Trop petits pour être filtrés par les stations d'épuration, ils contaminent ensuite tout notre environnement : l’air, l’eau du robinet ou mise en bouteille, la nourriture, le sel…
Quelques chiffres pour comprendre l'importance de ce phénomène :
- Une machine de 6kg de vêtements synthétiques déverse jusqu'à 728 000 micro-plastiques à chaque lavage(1).
- On estime à un demi million de tonnes le nombre de micro-plastiques déversés chaque année dans les océans à cause du lavage des vêtements à base de plastique, soit l’équivalent de 50 milliards de bouteilles en plastique.(3)
4 - Que deviennent ces micro-plastiques ?
Les micro-plastiques ne sont pas biodégradables, et restent des centaines d’années dans l’environnement.
Ils sont particulièrement présents dans nos océans, où 88% de leur surface est polluée par ces micro-fragments selon la fondation Tara Océan. Ils atteignent des niveaux records en Mer Méditerranée, où la concentration est presque 4 fois plus élevée que dans « l’île des déchets plastiques » du Pacifique Nord ! Une catastrophe pour la biodiversité, mais également pour la santé humaine.
Nous en ingérons de grandes quantités, à travers notre alimentation, ou l'eau que nous buvons : l'équivalent d'une carte bleue de plastique par semaine. Des scientifiques ont même découvert en 2020 la présence de micro-plastiques dans le placenta de fœtus(4).
5 - Quels sont les impacts des micro-plastiques sur la santé ?
Les micro-plastiques contiennent des produits toxiques tels que des pesticides, des phtalates, et du bisphénol A.
Le rapport sur la pollution plastique en Méditerranée publié en 2018 par WWF nous met en garde sur leurs effets négatifs dans l’organisme : « le plastique libère jusqu’à 30 fois plus de polluants lorsqu’il est présent dans les tissus corporels (à savoir les intestins) que dans l’eau de mer. Une fois que les polluants plastiques pénètrent dans le corps, ils interfèrent avec des processus biologiques importants, causant des dommages au foie ou altérant les hormones. Cela peut à son tour influencer la mobilité, la reproduction et la croissance, et provoquer le développement du cancer. Les substances absorbées et libérées par le plastique peuvent également modifier l’ADN, entraînant des effets néfastes sur la santé. »
6 - Que faire pour éviter la diffusion des micro-plastiques ?
Le plus efficace est de privilégier les fibres d’origine naturelle, comme le coton biologique, le lin, le chanvre ou le Tencel™.
Pour laver vos sous-vêtements contenant des fibres synthétiques, utilisez un sac de lavage (type Guppyfriend), qui retient une partie des micro-plastiques. Il faudra ensuite les garder dans un bocal pour ne pas les rediffuser dans l’environnement en les mettant à la poubelle.
Pour en savoir plus
Voici quelques ressources pour aller plus loin :
- Le podcast de Nouveau Modèle : « Episode 53, Le plastique & les océans » avec Romy Hentinger
- Les reportages sur l’impact des plastiques et micro-plastiques disponibles sur Netflix : « A plastic Ocean » et « Broken - L’hypocrisie du recyclage »
- Le site de la fondation Tara Océan, et leur mission « microplastiques 2019 » : une expédition sur 10 fleuves d’Europe aux origines de la pollution plastiques en mer pendant 6 mois. Tara Océan est la première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France.
(1) Washing clothes releases thousands of microplastic particles into environment, study shows, University of Plymouth, 2016.
(2) Pollution plastique en Méditerranée. Sortons du piège !, WWF, 2018
(3) Ellen MacArthur Foundation, A new textiles economy: Redesigning fashion’s future, (2017, http://www.ellenmacarthurfoundation.org/publications).
(4) Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta, 2020